La crise du Golfe arabo-persique et ses conséquences
La situation actuelle dans le golfe arabo-persique est prometteuse du pire comme du meilleur.
Le pire est à craindre par la violence qui y règne et les tensions qui s’y développent entre les différentes puissances qui se disputent le leadership régional. Même si DAESH semble en déroute, il continue de semer la terreur, tels les derniers spasmes de la bête à l’agonie, capable d’attaques meurtrières comme celle contre une mosquée dans le Sinaï. Acculés par les différentes coalitions qui en ont réduit le territoire comme peau de chagrin, l’État Islamique va voir ses combattants se transformer en petits groupuscules épars, qui maintiendront un terrorisme résiduel, capables d’atrocités meurtrières générant les gros titres des chaines d’information continue.
Il est par ailleurs à craindre qu’une guerre de religion ne se déclare entre sunnites et chiites, ce qui semble être aujourd’hui en jeu au Liban, théâtre de tensions entre puissances interposées. Les antagonismes entre le monde musulman et Israël restent toujours un risque majeur au proche et moyen orient où le péril nucléaire n’est pas exclure.
Cependant le contexte actuel n’est pas dénué de promesses plus heureuses.
En effet, une nouvelle génération de responsables politiques trentenaires, semblent vouloir à l’instar du nouveau monarque saoudien MBS, faire souffler un vent de modernité notamment sur le plan économique, culturel et social.
C’est ainsi que l’effondrement relativement pérenne du prix du pétrole, malgré des réserves prouvées parmi les plus importantes du monde, amène les principaux producteurs à réfléchir à l’après pétrole. Ils réfléchissent à diversifier leurs investissements comme le font Doha et Abou Dhabi dans l’économie de la connaissance, ou encore le développement durable avec l’émergence de villes intelligentes et durables comme Masdar ou NEOM respectivement aux EAU et en Arabie saoudite.
Ces jeunes monarques agissent également sur le plan culturel avec l’inauguration il y a dix ans à Abou Dhabi de la Sorbonne des sables et plus récemment du Louvre du désert. L’accueil de l’exposition universelle à Dubaï en 2020, participe de cette même stratégie que l’on pourrait certes réduire au seul levier du soft power international mais dont il faudra mesurer les répercussions sociales et sociétales insoupçonnées au sein des populations autochtones.
Le droit récemment accordé aux femmes de conduire dans le royaume saoudien, ou l’ouverture de certains postes à responsabilité aux EAU comme celui de ministre de la coopération internationale et du développement peuvent paraître anecdotiques mais ils recèlent les ferments de processus d’ouvertures irréversibles.
Les grands événements culturels et sportifs internationaux qui vont réunir des centaines de milliers, voir des millions de personnes du monde entier, vont contribuer à changer le regard que l’on porte sur cette région du monde. Elle aura assurément dans le même temps, des impacts sur la manière dont les citoyens de la région vont eux-mêmes se percevoir et vraisemblablement des répercussions sur leurs modes de vie.
C’est ce que le Club géopolitique va suivre de près en proposant régulièrement des temps de réflexion et d’échange autour de la situation du golfe. Nous y mettrons au jour les sensibilités diverses qui animent les différents acteurs qui le composent. Nous veillerons également à comprendre les interactions avec les grandes puissances régionales ou internationales qui sont impliquées dans des intérêts croisés. Quels rôles jouent la Turquie, la Russie, le Pakistan, les États Unis, l’Europe ou encore l’Afrique ? Nos prochaines tables rondes vous aideront à y répondre.
T.B.