Golfe : quel engagement de la France, quel rôle pour l’Europe dans la sortie de crise ?
La crise du golfe arabo-persique continue de susciter une intense activité diplomatique au niveau international. En effet, cette crise est source d’instabilité supplémentaire dans une région déjà secouée par le terrorisme, des conflits armés et des tensions politiques multiples. En raison du caractère stratégique de cet espace géographique, il est permis de s’interroger sur les conséquences de crispations qui s’installeraient dans la durée. Car malgré les appels au dialogue, les pays du golfe semblent prêts à tenir dans la durée ce bras de fer engagé en juin dernier.
Il est impératif d’élargir notre vision d’un conflit en apparence régional, mais aux répercutions forcément internationales. La France a immédiatement pris la mesure des risques de déstabilisation. C’est au nom des liens économiques, culturels et de sécurité qu’elle entretient avec tous les pays du Golfe et dont elle tire une légitimité certaine, qu’ elle peut jouer un rôle stratégique de médiation.
Dès le 19 septembre, Emmanuel Macron réaffirmait à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU que le multilatéralisme était la solution idoine pour la sortie des conflits. Et la France a nommé son ancien ambassadeur en Arabie Saoudite, Bernard Besancenot comme médiateur. Ce dernier, qui fut aussi en poste à Doha, est sans doute le plus à même de réconcilier des positions antagonistes et d’aider les acteurs à construire ensemble des solutions négociées.
A la suite de sa visite aux Emirats arabes unis des 7 et 8 novembre pour l’inauguration du Louvres Abu Dhabi, le Chef de l’Etat s’est rendu en Arabie Saoudite pour une visite surprise où il a prôné « l’apaisement » et « le dialogue » dans la crise diplomatique autour du Qatar. Emmanuel Macron a également annoncé son intention de se rendre à Téhéran, une visite inédite pour un président français depuis 1976. La France veut tenir son rôle d’arbitre/médiateur et fait preuve d’une activité diplomatique intense.
L’Union européenne a également été sollicitée pour jouer un rôle de médiation et considère que le boycott du Qatar mis au ban depuis le 5 juin par Ryad et Abou Dhabi, coûte cher à tous les pays du golfe et aux partenaires européens. Réduire les crispations entre les différentes parties prenantes, voilà les enjeux de la diplomatie européenne pour les prochains mois.
C’est aussi un enjeu pour celles et ceux qui promeuvent une culture de la paix et du dialogue entre les peuples à l’échelle internationale. Nous devons maintenant formuler des pistes concrètes qui visent à promouvoir de nouvelles coopérations, et mettent en perspective une autre façon d’envisager l’avenir.
Ibrahime Sorel Keita